La Fin du Rêve

Quand j’ai reçu l'invitation pour ce voyage, j’ai immédiatement sauté sur l’occasion. À l’approche de l’anniversaire de la perte de ma possession la plus précieuse, j’avais décidé de m’en aller loin.

Être dans un univers différent. Faire la fête pour un temps soit peu oublier la douleur, j'en étais convaincue, était tout ce dont j'avais besoin. Et pour l’instant d’une semaine cela a marché ; je n’étais plus toute seule à me morfondre dans mon lit en me demandant pourquoi mon autre ne prêtait plus attention. Je ne me posais plus ces questions existentielles qui étaient devenues mon quotidien. "Ne suis-je pas assez à la hauteur ? Devrais-je faire plus d’efforts ? Ne lui ai-je pas suffisamment montré mon affection ? A-t-il jeté son regard sur quelqu’un d’autre ?"

Pour une fois depuis longtemps, j’étais calme ; presqu’en paix. Mais le rêve n’était que de courte durée. Le voyage s’achevait et la réalité m’attendait avec impatience. Encore une fois, mon désarroi n’engageait que moi. Mon autre, une fois encore, avait décidé de me punir pour une faute que je ne savais avoir commise. Mon crime: avoir tenté de gouter au bonheur loin de mes soucis.

J’étais de nouveau accablée, et cette fois pour avoir osé mettre mes désirs en premier. Pour n’avoir pensé qu’à moi contrairement à mes habitudes. Il ne s’est pas rappelé de toutes ces fois où je le suppliait d’être là pour moi. Il avait oublié l’exemple qu’il avait si bien illustré. Il ne se rappelait plus de m’avoir demandé de faire mon deuil toute seule et de parler de mon chagrin à quelqu’un d’autre que lui.

Le pire c’est de ne pas avoir reçu la considération que j’avais donné maintes fois auparavant. J’avais été déclarée coupable sans avoir eu droit à un procès équitable. Le pire c’est que mon bourreau avait attendu que je réclame ma sentence pour me la communiquer. Je suis à bout de souffle.

On m’avait dit que l’amour était la clé…